Raven creed - you can stop running now

"Cours!" c'est la seule chose qu'elle entendit dans tout ce chaos, ses derniers mots avant que la vie ne le quitte, son regard éteint posé sur elle. Cours ! Partout autour d'elle l'odeur du sang et de la cendre, les flammes dansant attaquant le corps de Lukas. Cours ! Un coup violent dans le dos lui arrachant un cri, un grognement alors qu'elle se retourne crocs et griffes sorties bondissant sur son agresseur et lui arrachant la gorge avec les dents. Cours !Les flammes l'encerclant brûlant sa peau, l'odeur de la chair brûlée. L'animal grattant de l'intérieur. Cours!!!

Et elle courut, courut aussi vite que ses pattes le pouvaient, courir sans s'arrêter, courir pour survivre, juste courir, courir le plus loin possible d'ici. Où courrait elle ainsi? Fuir, mais où ? Les flammes l'encerclant brûlant sa peau, l'odeur de la chair brûlée. Cette famille humaine si soudée et bien sous toutes coutures jusqu'au jour où ils découvrirent la nature monstrueuse de leur fille, préférant l'envoyer dans un pensionnat puis un autre lorsque la jeune fille terrifiée eut sa première transformation. La laissant à la merci de ces fanatiques religieux la prenant pour un démon. Des coups, des humiliations... Non!

Cours!! c'est ce qu'elle avait fait alors Courir comme elle le faisait à nouveau.

Les flammes l'encerclant brûlant sa peau, l'odeur de la chair brûlée. Ces grandes étendues de nature, les réserves immenses à protéger, ces animaux de qui elle se sentait si proche... et retomber sur une meute de métamorphe la traitant de varulf, alors qu'elle n'avait pas idée de la signification de ce mot, la piégeant sur leur territoire. "Il y a de la place pour une petite chose comme toi si tu te soumets". Se soumettre, elle grogna dans sa course : plus jamais !

plus jamais ! Courir jusqu'à la maison, la maison où elle n'avait pas mis les pieds depuis un an. Là où elle s'était construite une vie paisible, où elle s'était sentie en sécurité, avait un travail au sein d'une grande réserve naturelle, des amis. Là où elle avait passé des années, là où elle avait rencontré Lukas. Là où elle s'était sentie enfin un peu à sa place, ne se sentant plus aussi seule. Le puma remua la tête, c'était aussi là qu'un soir, on les avait attendus à la sortie d'un bar, cette fourgonnette noire ces hommes armés, pas même le temps de réagir que ce fut le noir total.
Non, il fallait courir, courir plus loin, courir malgré l'état de ses coussinets abîmés et en sang.Cours ! Elle n'était pas sûre, depuis quand n'avait-elle pas revue la lumière du jour autrement qu'au travers des barreaux d'une lucarne sur le chemin la menant à l'arène ? Depuis quand n'avait elle pas pu courir dans la nature? Combien de temps avait elle réellement passé en cage avec Lukas, son ami, sa bouée de sauvetage, son rock et la seule lueur l'empêchant de sombrer dans la folie. Cours! C'est ce qu'il lui avait dit alors qu'il se vidait de son sang, l'ayant protégé une dernière fois dans la révolte à laquelle ils participèrent, celle qui lui offrait maintenant la liberté, mais qui lui avait coûté la vie. Elle ne voulait pas le quitter, mais l'animal l'avait écouté, une dernière fois. Elle ne pouvait pas rentrer, c'était trop dangereux. Y avait-il seulement encore quelque chose à elle. Avait-elle seulement un endroit à retrouver?

Cours ! La fatigue d'heures de course et de kilomètres parcourus, s'écrouler épuisée derrière un vieil arbre tombé au sol, roulée en boule, affamée et épuisée. Se réveiller avec la peur au ventre voir ces mains et ces pieds en sang, non ! Se réveiller avec la peur au ventre voir ces mains et ces pieds en sang, non ! Où être en sécurité ? Elle ne pouvait plus courir, mais le mot continua de résonner encore et encore. La fourrure reprenant la place de la peau sale et meurtri. Où être en sécurité ? Elle ne savait pas, tout ce qu'elle entendait était ces mots, non ce mot : Elle ne savait pas, tout ce qu'elle entendait était ces mots, non ce mot : L'odeur du sang et de la chair brûlée ne semblaient pas vouloir la quitter ; les cris, les flammes et celui qu'elle voyait comme un grand frère étendu au sol. Après tout ça, après avoir survécu si longtemps ensemble. L'odeur du sang et de la chair brûlée ne semblaient pas vouloir la quitter ; La jeune femme se retrancha au plus profond de son esprit à chaque pas disparaissant un peu plus, refusant d'être là.
Hors de question de s'arrêter, l'animal continua d'avancer, il leur avait dit de courir, de fuir en lieu sûr, de survivre et c'est ce qu'elle allait faire. Mais où seraient elles en sécurité ? Où pourrait-elle panser ses blessures.

L'Arizona ! Elle avait sa destination, cela prit plusieurs semaines, chassant de petites proies peu difficiles pour tenir, essayant d'éviter les routes et terrains trop escarpés pour laisser à ses pattes un peu de répits. Raven refusait totalement de reprendre forme humaine, ne voulant que s'éteindre au plus profond d'elle-même, ne laisser que l'animal.
L'Arizona était leur espoir. Elle y avait déjà trouvé refuge lorsqu'elle était enfant. Elle y avait trouvé une maison et une famille. Ses pattes la conduirent jusqu'à la réserve indienne où elle avait grandi après s'être enfuit du pensionnat. Là où on l'avait accepté et aidé. Là où elle n'avait pas été vue comme un monstre, mais comme un cadeau des esprits, comme une enfant à protéger. Là où elle s'était découverte cette volonté farouche de défendre les endroits comme leur réserve et les autres endroits où la vie sauvage était encore possible, où sa curiosité et son amour des animaux l'avait poussé à faire des études en zoologie se spécialisant en comportement animal afin de devenir ranger. Elle y serait en sécurité.

Plus besoin de courir. Raven refusa dans un premier temps d'aller jusqu'à la réserve, mais après plusieurs semaines, l'animal pris le dessus l'y emmenant sachant qu'elle avait besoin d'aide. Le chaman la reconnu de suite ainsi que son père adoptif, mais la première réaction de la jeune femme fut de fuir... Courir. Non plus besoin de courir. Elle s'établit proche de la réserve y venant régulièrement, de plus en plus souvent, mais refusant toujours de reprendre forme humaine.

Il aura fallu plusieurs mois avant qu'elle ne reprenne forme humaine juste l'espace de quelques heures, mais sa famille était patiente malgré l'âge avancé de celui qui l'avait recueilli enfant. Il lui fallut sept mois pour retrouver un semblant de normalité et repasser la majorité de son temps sous forme humaine. Elle reprit pied doucement au sein de la réserve participant et aidant au mieux. Elle n'était pas morte, non elle était bel et bien là (pour une raison lui affirmer le vieil homme), tout avait une raison. Elle n'avait pas répondu. Quelle pouvait être la raison poussant des hommes à faire le genre d'horreur qu'elle avait vu ?Il aura fallu plusieurs mois avant qu'elle ne reprenne forme humaine juste l'espace de quelques heures, mais sa famille était patiente malgré l'âge avancé de celui qui l'avait recueilli enfant. Mais il avait raison sur un point, elle était en vie et se devait d'avancer, Lukas avait donné sa vie pour elle et elle se devait de continuer pour lui. Elle rechercha les membres de sa famille encore en vie pour leur apprendre la nouvelle.

Avancer, mais où ? Pour quoi faire ? Elle avait assez couru. C'est alors qu'elle se souvint de leurs longues discussions. Il était né dans une meute de loups au Colorado, sa mère s'en étant échappé alors qu'il n'était encore qu'un louveteau, son père ayant été tué pour avoir défié l'alpha. Il avait entendu dire que les choses avaient changé et souhaitait retrouver ses racines. Peut-être y avait-il encore de la famille ? C'est là qu'elle devait se rendre. Quel était le nom de cette ville déjà ? Ah oui... Teekon Creek.